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Histoires d’arbres

Une exposition conçue comme une promenade dans les forêts de Carnelle, Montmorency et L’Isle-Adam, en pleine semaine du développement durable, l’idée est plus que séduisante. Les arbres ont toujours inspiré l’homme, nourrissant un imaginaire fantasmé où la magie et le sauvage cohabitent depuis toujours, c’est-à-dire depuis le néolithique. Visite. Le musée d’art et d’histoire Louis Senlecq étant situé à l’orée de la belle forêt de L’Isle-Adam, il était logique de lui dédier un jour une thématique en ses murs. « Histoires d’arbres raconte les relations de l’homme avec la forêt, et comment ce dernier l’a transformée en fonction de ses besoins au fil des siècles. On a voulu aussi montrer la beauté et la fragilité de la forêt et comment l’homme l’a voulue. Finalement, sans que cela se voie, elle n’a plus rien de naturel », explique Anne-Laure Sol, la commissaire de l’exposition et directrice du musée Louis Senlecq. « L’Office national des forêts (ONF), avec lequel nous avons beaucoup travaillé pour les besoins de l’exposition, gère toutes les forêts publiques. C’est lui qui, pour des raisons économiques, décide des essences à planter, des espèces à développer, des arbres à couper. Quand un visiteur se promène en forêt, il a l’impression d’être une sorte de Robinson Crusöe mais en fait, tout ce qui pousse est contrôlé et inventorié, il n’y a plus rien de sauvage », s’amuse Anne-Laure Sol. Grâce à l’ONF, les forêts sont aussi préservées. Par exemple, des découvertes ont été faites pendant la préparation de l’exposition. Comme l’existence d’une orchidée très rare qui pousse dans la forêt de L’Isle-Adam, dont on peut voir des photos, et dont l’emplacement est bien entendu tenu secret. Mais la star de la forêt, c’est le gros chêne, cet arbre vieux de 550 ans et de dix mètres de circonférence, qui se dresse, majestueux, près du carrefour du Pavillon de Paris ; un magnifique cliché argentique en noir et blanc datant de 1930 le représente. Pour évoquer son écosystème, toute la faune et toute la flore ont été répertoriées. Des boîtes d’insectes comme des petits scarabées ou des papillons qui y vivent sont à découvrir. Tout au long du parcours de l’exposition, en déambulant dans les différentes salles et selon les thématiques, votre odorat sera chatouillé par des odeurs de terre, de mousse, de champignons, de jacinthes pour une vraie plongée dans la nature… En collaboration avec l’Osmothèque de Versailles, le conservatoire international des parfums, l’exposition se veut ainsi olfactive, laissant entrer une part de vous-même dans le rapport que vous pouvez entretenir avec la forêt, les odeurs vous évoquant forcément un souvenir particulier et personnel. Extrêmement bien vu. C’est à partir du XVIIe siècle que la forêt de L’Isle-Adam subit les premiers caprices des hommes. Le domaine appartient alors aux princes de Conti, grands amateurs de chasse, qui l’aménagent uniquement pour assouvir leur passion. Un mur d’enceinte est construit, et surtout de larges allées rectilignes sont tracées par Le Nôtre, avec carrefours en étoile pour les rendez-vous des équipages. Pour se rendre compte du faste de cette époque et du cérémonial de la chasse dans les bois, deux tableaux prêtés par le Château de Versailles évoquent ces scènes où le cerf était pourchassé, et où les piques-niques en forêt avaient une élégance extrême et un faste incroyable. La forêt, aujourd’hui réduite aux activités de loisirs comme la promenade, le vélo ou la cueillette des champignons, a été pendant des siècles un véritable lieu de vie pour les hommes, et ceci, dès la préhistoire comme le montre l’existence de la Pierre-Plate dans la forêt de l’Isle-Adam. Des archéologues découvrent à la fin du XIXe siècle ces tombes collectives, sortes de grands caveaux que fermaient par le dessus de grandes pierres plates, qui servaient aussi d’abris pour les vivants et de sépultures pour les morts. Les restes de plus d’une centaine d’individus y auraient été retrouvés… Au XVIIIe siècle, les pauvres viennent dans la forêt pour y trouver des moyens de subsister, vivant de la cueillette et du glanage. Mais elle permet aussi toute une activité économique, qui implique notamment les charbonniers ou les fabricants de tonneaux ou de balais à partir des châtaigniers. « Ce sont eux les vrais hommes des bois », s’amuse Anne- Laure Sol, la commissaire de l’exposition. Toute cette rude vie sylvestre est illustrée par de touchantes cartes postales anciennes. Pouvoir magiques Pour montrer la représentation de la forêt dans l’art contemporain, le musée a choisi de mettre en avant de jeunes artistes, telle Frédérique Morrel dont les animaux, comme son sanglier en résine et tapisserie “haute-époque”, ses chevreuils ou ses lapins disposés dans différentes salles, apportent une petite touche d’insolite et d’humour frais. Cette représentation des animaux de la forêt évite ainsi le piège facile de la représentation naturalisée. Christophe Duvivier, directeur des musées de Pontoise, explique la place de l’arbre dans la peinture de paysage entre 1850 et 1920 ainsi : « Depuis les arbres du jardin d’Eden, l’Arbre de vie et l’Arbre de connaissance, il accompagne l’imaginaire de l’homme, tout aussi sûrement que l’eau. Il est un puissant générateur de métaphores et de symboles, sa représentation se rencontre dans toutes les cultures. » « On a aussi prêté à la forêt des pouvoirs magiques depuis les Gaulois. C’est un endroit qu’on appréhendait mal, qui pouvait être effrayant avec ses animaux sauvages, et où l’on pouvait aussi inventer l’existence de bêtes féroces, mangeuses d’enfants ou de monstres », explique Anne-Laure Sol. Le côté obscur de la forêt, en quelque sorte. Enfin, cette exposition a aussi le mérite de sensibiliser le public à la fragilité de cet écosystème et à une pratique plus respectueuse de la forêt dans une perspective de développement durable, comme l’ONF le développe. Depuis novembre 2010, la forêt de l’Isle-Adam ainsi que ses massifs voisins de Carnelle et de Montmorency ont été classés en forêts de protection.

Communiqué de presse de durand |Proposé le 22 avril 2012 |Commenter...

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