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La nature apprivoisée

2010, année de la biodiversité ! Une proclamation en forme de challenge pour notre monde urbain très minéral. Mais dans les maisons, la nature gagne du terrain. Des murs au design, le végétal rentre en force et en beauté dans nos intérieurs et annonce le retour des autres acteurs de la nature. Après les terrasses potagères, les ruches à domicile ?

Au dernier salon “Jardins, jardin” des Tuileries, on a « inventé les natures urbaines ». Olivier Saguez, créateur de l’agence en identité de marques Saguez & Partners assure « qu’il ne voit plus passer un projet qui ne comprenne pas de végétal ». « Notre fil rouge historique qui consistait à raconter des histoires s’est mué en fil vert », reconnaît leur directeur de création qui compte à son actif les parois végétalisées du BHV à Paris comme celle des Quatre Temps à La Défense. Depuis le premier mur végétal du botaniste Patrick Blanc au Festival de Chaumont-sur-Loire en 1994, la nature verticale est entrée en ville. Une enquête récente d’Unep-Ipsos estime que « pour 7 Français sur 10, il n’y a pas assez de végétal en ville » , or « pour 9 Français sur 10, le vert est un élément important de leur vie quotidienne ! » Xavier Laureau, à la tête de Gally, s’alarme du retard parisien par rapport à Berlin ou Bruxelles. Olivier Saguez pense qu’il faut « casser la minéralisation et la linéarité de la ville. Le végétal redonne une taille humaine aux architectures, apporte la musique dans un espace. Retrouver le rythme des saisons, c’est une nécessité quasi biologique », s’enflamme-t-il. Du Pershing Hall aux boutiques de Marithé et François Girbaud, du centre commercial Les Passages à Boulogne-Billancourt au dernier spa des Six Sens, les murs prolongent la leçon végétale de Patrick Blanc. Des lieux publics aux intérieurs, il n’y avait qu’un pas que le coût et la rareté de la surface en ville a favorisé. L’heureux propriétaire d’une maison à Bagnolet avec mur de plantes aromatiques parle de sa joie « de voir de la nature de n’importe quel endroit du salon », et avoue « ne pas trop couper les plantes aromatiques pour ne pas détériorer l’oeuvre ! ».

Jean-Marc Dimanche, créateur de la Maison Parisienne, qui possède chez lui un jardin vertical de près de cinquante mètres carrés, avoue que « même si je ne le vois pas, je le ressens comme un organisme vivant qui apporte ses odeurs, un bruit, un air plus frais. » Renata Sapey de Kartell a souhaité un mur végétalisé « autonome » sur sa terrasse avec un circuit d’eau fermé, car elle voyage beaucoup ! Le mur végétal, plus facile d’entretien que le classique jardin à l’horizontal ? « Non, corrige Amaury Gallon, créateur des Jardins de Babylone, les murs végétalisés nécessitent un entretien mensuel, taille et traitement, sinon on assiste à une vraie gadgétisation de la nature ». Pierre Darmet, des Jardins de Gally, parle de ces promoteurs qui veulent juste « mettre un coup de peinture verte » sur leur bâtiment. « Ce sont des produits vivants », rappelle Olivier Saguez. Gally insiste sur « l’arsenal » de solutions variant selon la nature du mur, son emplacement et son ensoleillement : c’est surtout la démarche créative qui diffère. Chaque mur d’Amaury Gallon, imaginé sur plan, est unique. Renata avoue avoir laissé faire le « maître » Patrick Blanc dont Jean-Marc Dimanche exalte « la géométrie dessinée des murs ». En matière d’options tout est possible, des plantes aromatiques aux orchidées en intérieur, des cascades pour un effet jungle jusqu’aux plantes fleuries qui reprennent la couleur du logo de l’entreprise. En plus de son indéniable effet bien-être, le mur végétalisé agit sur l’isolation phonique, thermique et la purification de l’air. Mais le coût, qui s’échelonne entre 600 euros et 1 200 euros le m2, le réserve à des privilégiés. Une des raisons qui a fait plancher l’archi-designer Patrick Nadeau sur un mur « plus petit, simple, accessible et facile d’usage et surtout demandant peu d’entretien » avec son complice des Jardins de Babylone.

L’exposition “MateriO inspired by nature” au Lieu du design a rappelé que la nature est une belle source d’inspiration pour les créateurs. Au salon “Jardins, jardin”, le village du design extérieur développé par Aude Charié est un secteur en constant développement. Chez Nature et Découvertes, on promeut l’action dépolluante des plantes avec “Andréa”, un purificateur d’air imaginé par Mathieu Lehanneur et David Edwards. Le design au service du végétal ? C’est en travaillant avec Patrick Blanc, que le designer Alexis Tricoire a imaginé des sculptures mettant en scène des plantes. Pour créer le premier plafond végétal, il imagine à l’espace Electra des arceaux souples qui préfigurent ses “lianes végétales” : de fins boudins percés de trous par lesquels peuvent pousser des plantes. Une réalisation qui a intéressé les Jardins de Gally. « Les designers constituent une grande source d’inspiration pour toute notre partie événementielle », souligne Pierre Darmet, qui pense que « les relations vont s’intensifier entre designers, architectes et paysagistes ». C’est en partant du constat que le jardin n’était pas toujours accessible aux personnes à mobilité réduite que les Ateliers Ouverts ont imaginé une table dont le plateau contient un vrai potager avec vingt-cinq centimètres de terre. Mise sur roulettes, « la table devient un vrai coin de verdure à l’intérieur qui rend le jardin mobile », explique Gaétan Coulaud, un de ses concepteurs. Autre exemple, le projet de “table-cueillette” du designer Alexis Tricoire qui contiendra des plantes aromatiques que l’on pourra cueillir au fil du repas. Un design végétal qui rend Olivier Saguez sceptique « designer la nature manque de naturel ! Un designer va surtout travailler sur l’esthétique or la nature nous donne des leçons, tout y est pensé, tout y a son utilité ». Pour Patrick Nadeau, il n’y a pas vraiment de conscience écologique dans ses créations appelées “natures individuelles” lors d’une exposition. Il aime la plante, « un matériau très contemporain » pour ses qualités « esthétiques ». « Je me sens plus proche des frères Bouroullec, mais moi, je vais chercher directement la nature », précise-t-il. En sortent de sculpturales crinolines d’herbes pour les Designer’s Days chez Boffi Bains, des étagères d’herbes qui peuvent pousser vers le ciel ou tomber en cascade, une tonnelle composée de lanières de verdure… Dans sa future “Galerie verte”, Amaury Gallon aimerait promouvoir les designers du végétal. A terme, il aimerait que les Jardins de Babylone se transforment en un bureau d’études sur les dernières technologies de culture comme l’aéroponie pour permettre aux designers, de “mettre du végétal un peu partout”.

Végétaliser villes et maisons, c’est un premier pas mais c’est la diversité du monde vivant qu’il s’agit de promouvoir alors que les Nations Unies ont déclaré “2010, année internationale de la biodiversité.” Les Jardins de Gally, qui verdissent les entreprises, en partenariat avec l’apiculteur Nicomiel, sont sur la brèche. Ils proposent aux entreprises parisiennes d’installer sur leurs toits des ruches parce que « L’abeille est une sentinelle de l’environnement », rappelle Pierre Darmet. « Si l’abeille disparaissait de la surface du globe, l’homme n’aurait plus que quatre années à vivre ; plus d’abeilles, plus de pollinisation, plus d’herbe, plus d’animaux, plus d’hommes », a dit Albert Einstein. Bientôt sur les toits du restaurant La Tour d’Argent, des ruches dont le miel sera également utilisé en cuisine comme l’est, depuis octobre, celui des abeilles qui logent sur le laboratoire du chocolatier Patrick Roger. Guerlain aussi veut ses ruches pour fabriquer le miel nécessaire à ses cosmétiques. Autre agent de la biodiversité, les toitures végétalisées dont les plantes attirent les insectes. La société Ecovégétal, spécialisée dans les toitures végétalisées, rappelle le retard de la France dans ce domaine. Un petit million de toitures vertes au bout de dix ans de politique intensive en France contre 25 % en Suisse et près de 13 millions en Allemagne. « Or ces toitures réalisent un gain thermique et phonique non négligeable, réduisent de 20 % les frais de climatisation et surtout prolongent la durée de vie de l’habitat en gérant mieux les écoulements de pluie », assure Pierre Georgel, son P.-D.G. A Reims, Patrick Nadeau projette de réaliser des habitations aux toits végétalisés en forme de coque de bateau inversée. L’agence Saguez & Partners a travaillé le siège rennais d’Yves Rocher comme un herbier vivant et recréé sur les toits un jardin rappelant les cultures de La Gacilly. « Moins d’architecture, plus de végétal » semble être le maître-mot de l’agence qui travaille sur le projet, pour une grande banque parisienne, d’une serre de lianes végétales, sonorisée de bruits d’oiseaux et de cascades et sur une tour dont les quarante et un étages de balcons déclineront des jardins variant en fonction de la lumière et l’altitude ! Enfin, autre piste de biodiversité, les hôtels à insectes qui s’assurent pour la prochaine édition du salon “Jardins, jardin” le concours des élèves de l’Ecole Boulle, pour un relookage design ! 2010, année de la fashion biodiversité ?

Communiqué de presse de Durand_Franck |Proposé le 5 juillet 2010 |Commenter...

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