La télé connectée à l’internet, en quel honneur ? Eh bien, pour trouver ses émissions préférées aussi simplement qu’on effectue une recherche sur Google ! Vous n’en avez peut-être pas rêvé, ils l’ont quand même fait. Voici pourquoi vous n’échapperez pas à la télé connectée ; et pourquoi ce n’est pas forcément grave…

Si l’on parle autant de télé connectée en ce moment – y compris dans ces pages –, c’est d’abord parce que le mastodonte du web vient de lancer Google TV aux Etats- Unis. Ses développeurs déclarent « ne pas avoir été aussi excités depuis la découverte des dessins animés du samedi matin », puisqu’ils sont persuadés que leur invention changera le monde du divertissement. Elle permettra en effet d’effectuer des recherches de contenus par mot-clé directement sur l’écran de son téléviseur, sans parler d’une ribambelle d’autres services. Pensez applications interactives permettant de consulter tous les scores du championnat de basket tout en regardant un match dans un petit coin de son écran, ou possibilité de consulter le web comme sur son ordinateur, si cela vous chante. Google promet également une totale compatibilité avec vos tuyaux télévisuels existants, qu’il s’agisse du câble, du satellite ou de la TNT. Mais c’est justement là que le bât blesse : la télé existante ne veut pas de Google TV. A peine lancé, trois des principales chaînes américaines – CBS, NBC & ABC (Disney) – ont bloqué l’accès de Google TV à leurs émissions, sous prétexte que le géant du web devrait payer pour avoir le droit d’exploiter leurs contenus. Que nenni, a répondu Google : comme si on demandait à Microsoft de payer pour les vidéos affichés dans son navigateur internet, pour citer l’exemple de Rishi Chandra, chef de produit senior chez Google. « On ne cherche pas à remplacer la télé traditionnelle, dit Chandra. Notre but est d’ajouter des millions de nouvelles chaînes actuellement indisponibles à la télévision », autrement dit le world wide web. Encore un cas de résistance au changement du “vieux” monde des médias ? Peut-être, mais les craintes des chaînes américaines sont néanmoins compréhensibles. Des séries comme Dexter ou Heroes étant actuellement plus regardées par voie illicite que par les canaux légaux, une chaîne peut logiquement redouter que Google TV rende les émissions piratées encore plus facilement accessibles aux consommateurs.

Cela n’empêche pas la télé connectée – au sens large – d’être une tendance irrésistible, voire inévitable. Ainsi, 2010 sera la première année où davantage de téléviseurs connectables que non-connectables à l’internet auront été vendus. Et alors que 200 millions de postes connectées sont installées dans le monde cette année, ce chiffre devrait tripler d’ici 2014. Ce qui ne veut pas dire que la voie de Google est la seule. D’autres sociétés actives depuis plus longtemps dans ce domaine adoptent une approche plus subtile. Le service Connected TV de Yahoo! – autre géant de la Toile – laisse l’expérience télé au premier plan pour servir l’internet par la petite porte, en quelque sorte. On peut donc à tout moment accéder à des widgets qui s’affichent en bas de l’écran pour regarder la météo, les tweets de ses amis ou son dernier album photo sur Flickr. Cette approche modulaire, ou via des applications, fait évidemment des émules. Samsung, partenaire de Yahoo! depuis le début de son service Connected TV, développe maintenant ses propres applications de télé connectée, au point même de proposer 500 000 euros aux développeurs pour en trouver de nouvelles.

Si de plus en plus de téléviseurs proposent des services internet intégrés, la plupart des télés connectées aujourd’hui le sont via une console de jeu. La Xbox 360 et la PlayStation 3 proposent des services particulièrement poussés. Sony vient par exemple de lancer le service MUBI pour PS3, qui permettra d’accéder à une grande sélection de films de patrimoine (Chaplin, Bergman, Antonioni et Godard, et même des films inédits, notamment d’Agnès Varda). Microsoft, quant à lui, s’appuie sur Canal+ pour offrir de nombreux services de télé connectée via la Xbox : un service d’abonnement “classique” ; un autre spécifiquement pour le foot (150 000 abonnés à ce jour) ; et encore un autre pour regarder des films en vidéo à la demande (VOD), CanalPlay. Cette dernière application a déjà été téléchargée par pas moins de 500 000 personnes. De plus, la Xbox va prochainement devenir une plateforme de divertissement presque instinctive avec Kinect, sa nouvelle caméra magique qui détecte les mouvements sans manette, ni télécommande (lire également page 12). On pourra ainsi, dès le début 2011, naviguer dans les films et émissions de télé présentes sur sa Xbox d’un simple effleurement de main, voire avec des commandes vocales. Les premières démos que l’on a pu regarder montrent une expérience étonnamment proche du film Minority Report : les écrans vidéo défilent avec une fluidité et une facilité presque irréelles. Il faut le voir pour le croire ! (http://youtu.be/ bkZzYyhN_AY) Mais si j’ai envie de connecter ma télé là, maintenant, tout de suite, je fais comment ? Deux options : si vous êtes déjà abonné à l’internet via Orange, SFR, Numéricable ou similaire, un boîtier TV est compris dans votre abonnement. Il permet de regarder la TNT en HD, mais surtout d’accéder à des services interactifs comme la VOD ou des jeux vidéo très simples. Sinon (ou en plus), vous optez pour un téléviseur avec des fonctionnalités internet intégrées. Sony et Samsung sont les pionniers dans ce domaine, même s’ils se font vite rattraper par LG ou Philips. Ils permettent d’accéder notamment à YouTube, ou bien, chez Sony, aux services de télé comme M6 Replay (pour regarder par exemple “Nouvelle Star” jusqu’à une semaine plus tard) ; ou bien aux fameux widgets/applications chez Samsung. Eh oui, on peut tout à fait mettre à jour Facebook directement sur sa télé pour commenter la dégustation de scorpions pendant Koh- Lanta, même si pour le moment, cela est nettement plus facile à faire sur son ordi, voire son téléphone. Toujours est-il qu’en attendant les premiers téléviseurs Google TV en France (on table sur printemps 2011, sans date officielle), de très bons appareils connectés existent déjà (lire ci-contre).

On peut aussi opter pour un boîtier nouvelle génération, de type Boxee ou Apple TV. Ou plutôt juste Boxee. Car on a du mal à croire qu’Apple TV vient de la même maison que l’iPhone et l’iPad, tant il est frustrant. Il n’arrive pas à détecter les contenus de l’ordinateur à distance, met des heures pour télécharger des films loués tout en affichant le message « Votre film sera prêt dans une minute », et, enfin, ne propose pas de fonctionnalités “sociales”, par exemple la possibilité de partager ce qu’on regarde avec ses amis. Boxee, quant à lui, fait tout ce qu’Apple TV ne fait pas. A la base, c’est une application gratuite que l’on peut installer sur tout ordi, mais un boîtier dédié est nécessaire pour s’en servir sur sa télé (indisponible en France pour l’instant, hélas). Il affiche ses contenus multimédia à l’écran et, surtout, propose des sélections de programmes en fonction de ce que regardent ses amis, d’après leurs déclarations sur Facebook ou Twitter (façon Flipboard, lire p. 8-9). Une façon de ne pas se perdre parmi le choix mirobolant des “millions de chaînes” du web. On commence donc tout juste à voir les avantages de la télé connectée, mais en fin de compte, peu importe. Si vous achetez une télé aujourd’hui, il y a de fortes chances pour qu’elle soit connectable à l’internet. Après, à vous de voir ce que vous voulez en faire… ou pas !