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Yves Saint Laurent rive gauche

En cette semaine qui aura pour point de mire la Journée des femmes et l’habituel listing de leurs progressions et régressions par rapport à la gent masculine, l’exposition “Yves Saint Laurent rive gauche” commencée il y a quelques jours tombe à pic. A découvrir : comment le couturier fut, en 1966, le premier à créer une marque de prêt-à-porter à son nom, initiant en cela la démocratisation de la mode et accompagnant du coup l’émancipation du deuxième sexe qui s’accélérait.

Avant lui, dans le genre libérateur, il y a eu, plus que quiconque, Coco Chanel, qui, à force de films ennuyeux réalisés à sa gloire, pourrait avoir depuis perdu de son aura. A son actif pourtant, la disparition du corset et l’instauration du port de la culotte, enfin du pantalon, pour les femmes. Mais avançons pour nous arrêter quelques décennies plus tard. Monsieur Saint Laurent, à la tête de sa maison de haute couture fondée avec Pierre Bergé cinq ans auparavant, s’apprête à initier une révolution de taille pour l’époque : une grande maison va enfin proposer à des prix accessibles des vêtements de haut vol, originaux et non plus, comme cela se faisait jusque-là, des adaptations moyennes des modèles proposés aux clientes fortunées. La démarche ne relève pas du vulgaire coup marketing : le couturier alors tout juste trentenaire est en phase avec son époque et les évolutions de celle-ci. En 1966, les femmes revendiquent leurs droits, leurs conditions professionnelles et sociales commencent à prendre un tour nouveau, elles affirment leur liberté. Pas étonnant, dès lors, qu’avec sa nouvelle collection, qu’il a choisi de nommer “rive gauche”, le couturier les initie toutes au smoking, au costume, à la saharienne, au trench, et puis aux manteaux militaires ou aux capes de cocher. Reste qu’il n’est pas non plus question que les femmes perdent de leur féminité. D’autant que l’époque est aussi à la fête et qu’Yves Saint Laurent les habille, du coup, pour le jour comme pour la nuit. A elles donc également, dans le désordre, les petites robes argent, les cuissardes sur caleçons longs, les bottes lacées bicolores, les accessoires à tout-va… Tout un tas de pièces qui s’arrachent, dans un écrin de choix.

C’est dans la première boutique Yves Saint Laurent rive gauche, inaugurée le 26 septembre 1966, rue de Tournon dans le 6e, que tous ces vêtements sont lancés. Dès sa naissance, le lieu est doté, en guise de marraine, d’une Catherine Deneuve déjà star et égérie investie. Décoré par Isabelle Hebey d’une manière définitivement contemporaine, il est orné d’aluminium et d’orange mais totalement exempt de blanc, pour créer une chaleur enveloppante. Il est aussi meublé par les bancs violets du tout jeune designer Olivier Mourgue et éclairé par les lampes de Nogushi. Un portrait d’Yves Saint Laurent par Eduardo Arroyo et des “Nanas” de Niki de Saint Phalle complètent le tout. Avant-gardiste et devenu, avec le temps, totalement culte, le magasin a été reconstitué pour servir de décor à l’exposition installée aujourd’hui à la Fondation Pierre Bergé-Yves Saint Laurent. L’endroit, transposé dans le 16e arrondissement, revit ici ses jeunes années avec près de soixante-dix modèles historiques présentés. Là, une robe de shantung en soie safran estampillée 67, ici, une robe en piqué de coton à fleurs de 69, à côté, un trench en vinyle noir de 66…. Longtemps après la naissance de cette ligne, en 1994, Yves Saint Laurent avait déclaré au magazine “Glamour” (dans son ancienne version, disparue un an plus tard) « Je veux rompre avec cette idée de la couture en tant qu’image de mode. La mode, c’est ce qui se porte. C’est la grand-place, non le cercle fermé. » Démonstration parfaitement effectuée avec ses collections rive gauche. Montrées durant quelques mois, leurs archives devraient séduire à nouveau une foule d’amateurs du genre, attirés par ce vestiaire vintage rêvé. Et ce, même si l’image de mode inaccessible qui ne suffisait pas à Saint Laurent continue d’exister et de faire fantasmer. Célébrée l’an dernier au Petit Palais, la haute couture créée par “YSL” avait ainsi attiré pas moins de 300 000 visiteurs émerveillés. Mais après tout, l’exposition était ouverte à tous… Sans compter qu’il semblerait aussi que la fascination renaisse à chaque fois qu’il est question de ce que l’icône regrettée a un jour pu toucher.

Communiqué de presse de durand |Proposé le 7 mars 2011 |Commenter...

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