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Acheter un appareil photo pas cher

Alors que le Mois de la photo démarre et que le Salon de la photo accueille du 4 au 8 novembre toute la clique du “clic-clac” à Paris, ce loisir (et discipline artistique) ne s’est jamais aussi bien porté. Grâce aux appareils photo numérique, il est justement à la portée de tous. Focus donc sur la photo, phénomène de société.

Naguère, du temps de Daguerre, soit au milieu du XIXe siècle, pour se faire tirer le portrait, il fallait qu’un bonhomme glisse une plaque en cuivre recouverte d’argent dans un appareil à soufflet, mette sa tête sous un drap noir, tienne un flash au magnésium à la main, et demande aux sujets de garder la pose pendant de longues secondes (voire une demiheure, pour les premières natures mortes au Daguerréotype). Et puis, il y a eu les compacts, les Polaroïd®, et enfin le numérique qui a libéré l’appareil photo de sa pellicule fragile et chère à développer, pour démocratiser l’art du rendu instantané. Résultat : ce sont plus de cinq millions d’appareils photo numériques qui ont été achetés en France en 2009, et 80 clichés pris par mois en moyenne par leurs utilisateurs. Il faut dire que les progrès en la matière sont stupéfiants. Miniaturisation, augmentation constante de la résolution via le nombre de pixels, automatisation des réglages, logiciels de retouche d’image accessibles au grand public, cadres numériques (25 % des Français en possèdent un), ou tirages sur papier rendus possibles à domicile (57 % des Français impriment euxmêmes leurs photos numériques) : la photographie, déjà très ancrée dans les traditions familiales, rythme désormais nos modes de vie.

Jusqu’ici dégainé pour Noël, l’anniversaire de mémé, et les couchers de soleil pendant les vacances, l’appareil photo nous accompagne aujourd’hui dans notre quotidien. Ainsi, 68 % des foyers français en sont équipés. Mieux, 42 % des Français prennent des photos avec leur téléphone portable. Du coup, l’outil photographique a envahi nos rues, jusqu’à transformer nos réflexes et nous faire appuyer sur le déclencheur dès qu’une célébrité dîne non loin de nous, qu’une révolution se joue dans la rue d’à côté, ou que U2 propose un moment d’anthologie au Stade de France. Des réflexes qui trahissent l’un de nos tics sociaux préférés : partager pour s’intégrer à un groupe (sa famille et ses proches) et à la communauté. Mais si les progrès techniques de la prise de vue numérique ont joué leur rôle dans ce phénomène de société, l’internet en est aussi, bien évidemment, l’un des acteurs principaux, en permettant de partager ses photos de façon quasi instantanée. Ainsi, 33 % des photographes amateurs publient leurs clichés sur des sites communautaires comme Facebook, Flickr ou Picasa. Alors, résonnez carte SD ! Jouez câbles USB ! La toile ne demande qu’à vous tirer le portrait… et vous tirer vos portraits.

Autre phénomène de cette révolution photographique, aux conséquences encore difficiles à évaluer : la multiplication des clichés de nos chères têtes blondes. Car là où il n’existait qu’une pauvre photo jaunie de nous à la sortie de la maternité, et celles de notre parrain essayant de nous faire boire du champagne à chaque anniversaire, les gamins d’aujourd’hui croulent sous les portraits d’eux-mêmes, mitraillés qu’ils sont de leur premier cri à leurs premiers pas… voire bien avant cela, puisqu’une récente étude rapporte que 23 % des échographies sont mises en ligne avant la naissance de l’enfant. Un engouement qui, au-delà des questions éthiques, nous questionne sur le rapport que ces “digital natives” auront avec l’image par la suite. Mais ne diabolisons pas le numérique, grâce auquel on peut confier aux kids un appareil photo sans avoir peur d’avoir à développer 24 photos floues de pieds de chaises ! La pratique amateur de la photo permet de former l’oeil de l’enfant, d’éveiller son sens du cadrage et de l’esthétique, et de développer son imagination si on lui apprend à tirer quelques-uns des clichés pour en raconter les histoires dans un album.

Il n’y a pas que les bambins qui prennent goût à la photo. Avec la baisse du prix du matériel haut de gamme (près d’un demi-million d’appareils photo reflex à environ mille euros se sont vendus en 2009), la démocratisation des techniques photographiques, et la baisse du prix des optiques, nombre de photographes amateurs ont atteint un niveau professionnel. Au point que certains essaient de se faire exposer, pas encore dans des galeries, mais dans des cafés ou restaurants qui se prêtent de plus en plus au jeu. D’ailleurs, le succès des expos de grands artistes de la photo n’a jamais été aussi grand. Triomphe, avec plus de 500 000 spectateurs, pour les expos de Willy Ronis et de Robert Doisneau à Paris, enthousiasme inattendu pour les photos de Saul Leiter ou de David LaChapelle, récupération médiatique (avec petit scandale à la clé) de la rétrospective Larry Clark : la photographie s’est aujourd’hui hissée au rang d’art. Bien sûr, cela a toujours été le cas, mais le fait que l’oeil du grand public soit désormais habitué à ses codes a suscité un nouvel intérêt pour les photographes du passé, inventant par la même la “photophilie”, un nouveau mouvement d’amateurs éclairés comparable à la cinéphilie pour le cinéma. Adieu la carte postale de Rome sur le frigo, le calendrier avec les petits chats, ou la photo de classe de la nièce sur la télé ! Bonjour les agrandissements de Time Square, les reproductions façon tableau de maître de portraits de Marilyn, ou les abat-jour et coussins tendance photoreportage ethnique pour décorer votre salon ! Oui, la photo est aussi une tendance déco à la mode, le must étant, pour ceux qui en ont les moyens, les tirages numérotés de grands photographes à suspendre au-dessus de votre canapé. Et si, en rentrant chez vous un peu éméché, vous vous demandez qui est ce Guevara à béret qui vous regarde, là, devant votre mur ; pire, si vous sortez immédiatement votre iPhone pour vous prendre en photo à côté de lui, et envoyer le cliché via Facebook Mobile à vos “amis” pour bien leur montrer que le Che était chez vous hier soir, c’est que vous êtes définitivement un enfant de la photo…

Communiqué de presse de durand |Proposé le 2 novembre 2010 |Commenter...

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