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Fashion Week d’Istanbul

Capitale européenne de la culture cette année, Istanbul se lance le défi de devenir une ville qui compte dans la mode. Début février, elle inaugurait sa première Fashion Week. Alors que beaucoup de nos étiquettes portent la mention “Made in Turkey”, on a eu envie de savoir à quoi ressemble la création turque. Visite guidée, entre podiums et backstages.

Dans l’avion, où la presse turque est à disposition, notre regard tombe sur le même cliché faisant tous les gros titres. L’actrice américaine Meg Ryan est à Istanbul pour la Fashion Week. On la voit coupant un ruban rose comme pour inaugurer un paquebot flambant neuf. La star, absente des écrans depuis un moment, a touché 150 000 dollars pour faire acte de sa blonde présence. Meg est toutefois la seule star internationale à avoir fait le déplacement. On apprendra plus tard qu’après une bousculade musclée avec des paparazzi, l’actrice s’est terrée dans sa chambre d’hôtel et n’a pas vu un seul défilé… Avec la Fashion Week, le quatrième fabricant mondial de vêtements entend changer son image d’usine de production textile pour une autre, plus glamour, de vivier de création. Et montrer ainsi à l’Europe, son principal client, qu’elle peut aussi être une capitale de la mode. L’ambition est énorme et la ville se donne jusqu’en 2023 pour y arriver, date symbolique où la Turquie fêtera le centenaire de sa république. C’est à Santralistanbul, l’ancienne centrale électrique de la ville réhabilitée et transformée en centre culturel, qu’ont lieu tous les shows. On embarque dans un car avec le reste de la presse étrangère. Journalistes italiens, britanniques, rédactrices new-yorkaises, l’ambiance est bon enfant, façon colonie de vacances. Le défilé du soir est très attendu, c’est celui de Hakan Yildirim, un des créateurs turcs les plus reconnus ici.

Jet-set en “front row”

Pour accéder aux défilés, pas d’invitation comme pour les shows parisiens où chaque maison de couture prend un soin particulier à l’élaborer. Ici, il faut passer son badge devant un tourniquet électronique. Moins glamour. Il y a beaucoup de monde, toute la jet-set stambouliote est là, installée en “front row”, se faisant tirer le portrait par la presse turque. On s’attend à beaucoup de “bling bling” attitude, et en fait, pas vraiment. Certes, on repère tout de suite les starlettes locales, chevelures longues soigneusement lissées et vêtements moulants. Peu d’indices permettent de dire que nous sommes à Istanbul, on pourrait se trouver dans n’importe quelle grande ville d’Europe. A 21 heures, les lumières s’éteignent, c’est parti. La collection d’Hakan Yildirim est une variation autour de la robe noire. Ultra-courte ou très longue et épousant les formes. Au final, l’exercice de style s’avère assez monotone, et on attend le lendemain avec impatience. Le calendrier de la semaine, c’est-à-dire le planning fixant le déroulement des défilés, est beaucoup moins chargé que celui de Paris ou de New York. Ce sont au total six présentations par jour, contre le double en moyenne pour une fashion week parisienne. Les premiers défilés de la journée démarrent à midi. On décide de se faufiler en coulisses pour voir de plus près la préparation de la collection de Deniz Mercan, un défilé de lingerie. Les mannequins sont européens, contrairement à la veille au soir où les filles étaient turques. Le maquillage est signé M.A.C : des applications de dentelle noire posées sur l’oeil gauche des mannequins, qui les transforment en pirates terriblement sexy.

Bryndis, top islandaise, attend qu’on termine son make-up. « La dentelle est très inconfortable, je n’arrive pas à cligner des yeux ! », confiet- elle avec, toutefois, un large sourire. Chaque mannequin a sa cabine, les pièces qu’elles vont porter attendent sur les cintres. On jette un coup d’oeil : la collection de Deniz Mercan est très réussie. Des dessous glamour tout en finesse, rose poudré et praliné, des boxers et des combi-shorts en cachemire, des chauffe-coeur très couture, des corsets sexy comme il faut, des combinaisons en satin, bref, une jolie surprise. « J’ai choisi de lancer ma lingerie après avoir travaillé en Italie chez Valentino et Armani. En Turquie, les femmes n’investissent pas beaucoup en lingerie, contrairement à la France, il y a donc un vrai défi à relever ! », confie la créatrice.

Changer les mentalités

Quand on lui demande ce qu’elle pense de cette première fashion week, Deniz se fait très directe. « On aurait dû se lancer depuis longtemps déjà. Le problème, c’est qu’on manque de jeunes créateurs qui pourraient montrer la voie. Ici, on fabrique, on ne crée pas, on manque d’écoles, et on a besoin d’investir dans cette voie pour y arriver. C’est très difficile de se lancer dans la mode ici. Il faut changer les mentalités. La Turquie est un pays plein de paradoxes, qui se veut européen et laïc, mais la réalité ne suit pas vraiment. Si les femmes s’habillent comme elles veulent à Istanbul, ce n’est certainement pas le cas dans le reste du pays. Il faut savoir que 40 % des femmes portent le voile en Turquie. » On la félicite en lui disant que sa collection marcherait à coup sûr en Europe, et on espère pour elle que les acheteurs dans la salle vont être autant séduits que nous. Son regard pétille. Vient ensuite le show de la créatrice Bahar Korçan. Présidente de l’association des créateurs de mode turcs, elle a une cote énorme ici. Quand elle a décidé il y a quelques mois d’installer sa boutique à Galata, un quartier où il ne se passait pas grand-chose, toute la branchitude stambouliote l’a suivie. Aujourd’hui, Galata est l’un des endroits les plus hype de la ville, celui où il faut être, et surtout être vu ! La collection de Bahar Korçan est empreinte de l’inspiration de la robe noire. Ses James Bond girls laissent entrevoir leur culotte haute sur de longues jupes dégrafées. Elle s’est aussi amusée avec les années 60, petits manteaux étriqués et chignons bas. L’avant-dernier défilé de la semaine nous a bluffés. Il s’agissait de celui de la créatrice Mehtap Elaidi, qui a réalisé un vrai travail sur la couleur. Des bleus francs mélangés à des rouges sang, des verts olive et des jaunes moutarde. Les coupes sont très structurées, comme ces pantalons à grands zips qu’on ouvre comme on veut, laissant entrevoir des guêtres colorées, ou encore des robes tuniques avec des épaules travaillées. Cette première Semaine de la mode à Istanbul nous laissera au final un peu sur notre faim au niveau de la créativité. On aurait aimé plus d’orientalisme, qui est pourtant dans l’air du temps… Les plus grands créateurs s’inspirent bien régulièrement de cette imagerie, alors pourquoi pas eux ? Ils sauraient sans doute le faire à merveille.

Communiqué de presse de durand |Proposé le 6 avril 2010 |Commenter...

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