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Sortir à Paris

Il fut un temps où le clubbing n’était pas une révolution. Juste une rumeur underground pratiquée par quelques initiés… Avant que la house n’envahisse les boîtes, que le rock fasse bouger les caves des bars et que les bobos ne se trémoussent sur la musique du Top 50 dans les clubs branchés, il y eut un point de départ qui allait se transformer en odyssée sonore et nocturne fascinante. Retour sur une histoire qui aujourd’hui fait briller les dancefloors, via une sorte d’odyssée personnelle, mais qui pourrait être l’apprentissage de tout un chacun, ici ou ailleurs.

Quand beaucoup d’entre nous ont commencé à sortir, dans les années 90, nul ne connaissait grand-chose au monde de la nuit. Tout juste se résumait-il souvent à des soirées lycéennes ou étudiantes surexcitées, chahuteuses et “testostéronées”, des célébrations juvéniles et hédonistes, voire des randonnées nocturnes hasardeuses. On était jeunes, on était fiers et on avait l’arrogance qui allait avec… Puis, alors que débutait pour certains une sorte de carrière musicalement plus érudite, le monde de la nuit s’est imposé de lui-même comme on tape l’incruste à sa première soirée gothique alors que l’on est pas invité : l’onde de choc fut totale, un aller simple pour la féerie la plus sauvage et la plus hallucinatoire. Et puis il y avait les souvenirs souvent encore récents des déjà initiés. Certains parlaient de Gai Tea Dance avec des yeux embués par une douce nostalgie. Le récit du rituel avant d’avoir accès au dancefloor (se faire jauger par le physio, payer ses 60 francs, traverser le couloir interminable qui débouchait sur le vestibule résonnant des basses énormes qui pulsaient derrières les portes) fascinait autant qu’il déboussolait les novices. C’était le milieu des années 80, et la France ne connaissait rien à la house. Tout juste les premières déflagrations dance (Oh l’amour d’Erasure, Theme from S-Express de S-Express, Ride on Time de Black Box…) faisaient vibrer les corps et les pulsions des habitués (principalement homosexuels) de ces messes dominicales et furieusement sexuées. Toute cette ivresse avait déjà le goût d’un nectar à jamais disparu.

La nuit initiatique

Restait à mettre les pieds pour la première fois dans l’une des flamboyantes boîtes gay du moment (la fin des 90’s). Les mirettes en effervescence et les guiboles en fusion, c’était tout un pan de la nuit mythique de la fin des 80’s qui resurgissait. La French Touch n’avait pas encore envahi les dancefloors de la planète mais les Daft Punk, Dimitri From Paris, Zdar/Boombass et autres DJ’s aux mains d’argent provoquaient déjà des files d’attente monstrueuses devant les plus grands clubs hexagonaux. Dans l’antre de la hype du moment, le chaos s’offrait la plus somptueuse des bacchanales. Des breakers aux pas de danse diaboliquement envoûtants, des jet-setters débordant d’amour et de grâce, des filles prises d’une extase incontrôlable… Un hommage vibrant et vivant à la fête, à la musique, à l’insouciance, sous l’oeil bienveillant des fantômes de François K, David Mancuso, Larry Levan ou Laurent Garnier. La boucle se bouclait, en mode “repeat”, jusqu’à l’épuisement des sens. Et puis le brouillard a recommencé à faire son apparition. Le ronronnement glaçant de la routine, les ennuis administratifs, le formatage musical… L’esthétique festive made in France s’est envolée vers d’autres cieux plus internationaux, plus bouillonnants, plus show-biz et paillettes. L’errance pendant quelque temps. Jusqu’à ce que les premiers signes de la résurrection s’élèvent comme une vague grondante depuis un club de filles, à deux pas d’un lieu mythique de la techno. Une oasis au fronton cabossé et à la déco kitsch abîmée. Une formidable et sauvage odyssée nocturne, une grande claque dans la gueule d’une nuit à peine sortie de sa léthargie. Un combat pour la liberté d’être, de ne plus être et de paraître.

Une autre idée de la fête

Les fréquences gargantuesques des basses, les conversations éthyliques à l’entrée, la chaleur avec son odeur et sa moiteur si significative… Et l’effervescence sur la piste de danse, arène post-futuriste où les corps se transformaient en murailles, où la température montait, montait, montait, progression aveugle au fur et à mesure des tracks surpuissants balancés par Chloé, Ivan Smagghe, Guido ou les frères de sang de Scratch Massive (merci, vraiment merci !). Là, c’était la cour des miracles décadente d’une aristocratie euro-trash complètement unique. Des clubbers de la rue, des créatures nocturnes à la mode mais pas suiveuses de tendances, un mélange complètement dingue de gens à la fois soucieux de leur apparence et réellement passionnés de musique. Et puis, encore une fois, le rêve s’est arrêté, de façon aussi brusque qu’il fut intense. Et la folie électro qui nous faisait espérer des lendemains déglingués s’est muée en bienséance régressive en s’exportant dans des lieux plus policés. Branchés, bobos, cols blancs, stars de cinéma et poseurs ont trouvé en ces endroits un accueillant asile, où l’éphémère et le champagne ont, un moment, calmé les angoisses collectives et la nostalgie envahissante. Mais la musique, elle, n’y a jamais vraiment eu droit de cité. Françoise Hardy, Nirvana, les Stones, Jacques Brel ou Kanye West y rôdent tels des ombres sur des platines tournant sans conviction. Ça pourrait être pire, mais voilà trop longtemps déjà que nous avons été habitués à rêver mieux. Alors qu’une nouvelle décennie pleine d’espoirs commence, nos coeurs et nos corps ne veulent plus suivre. Mais après tout, ils sont comme nous : en attente du prochain grand frisson. Et qui sait, la vague pourrait prendre forme sous des latitudes plus exotiques, bariolées et extatiques… La République de la nuit peut déjà commencer à trembler.

Communiqué de presse de durand |Proposé le 3 mai 2010 |Commenter...

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